Il ne me manquait qu’un continent dans mon tour du monde des littératures policières pour le défi lancé par Catherine. Il s’agissait de l’Afrique. J’avais déjà fait mon choix mais j’ai finalement eu envie de lire une nouveauté et donc, changement de programme et de pays.
Moussa Konaté est un auteur malien. Il a été professeur de français et il se consacre maintenant à l’écriture de romans et entre autres de polars où il met en scène son héros, le commissaire Habib.
La malédiction du Lamantin commence par le meurtre du chef des Bozos, Kouata, et de sa femme pendant un orage particulièrement violent. Le commissaire Habib se rend sur place avec son adjoint Sosso. Malgré les preuves évidentes concluant à un meurtre, les villageois sont persuadés qu’il s’agit d’une mort surnaturelle, la vengeance du dieu Maa sur la famille de Kouata en raison d’une ancienne querelle.
Habib va devoir affronter la crédulité populaire et l’influence des anciens afin de démasquer le vrai coupable et des mobiles bien plus humains.
Moussa Konaté nous montre la vie à Bamako au sein d’une ethnie. À travers son récit, il raconte la cohabitation entre les croyances ancestrales et la religion, comment le marabout peut se tenir aux côtés de l’imam mais aussi comment ils peuvent affronter la vie moderne, en particulier ce qui a été apporté par les blancs. La lecture qu’en fait l’auteur n’est pas rigide, au contraire, il essaye de nous montrer le meilleur des deux mondes. Il parle de la tradition orale qui se transmet de génération en génération, de la médecine des marabouts qui parfois soigne mieux que la médecine occidentale mais il fait aussi paraître la naïveté de certains et la peur de l’autre. C’est le fait d’avoir placé le personnage de Habib entre les deux mondes qui le rend original et sympathique. Ayant étudié dans une école française, il lui faut essayer de comprendre à nouveau le mode de pensée africain pour arriver à démêler les motifs de ces compatriotes mais aussi trouver la faille pour servir la justice et l’équité auxquelles il croit.
C’est un récit léger et agréable que nous fait Konaté. Un portrait de la société malienne avec une intrigue policière plutôt bien construite. Je serais portée vers des textes plus noirs mais j’ai pris plaisir à ma lecture et j’ai passé un bon moment en compagnie du commissaire Habib, dépaysée, en Afrique.
C’est donc le polar qui clôt mon tour du monde, mes lectures m’auront porté sur les cinq continents mais c’est un voyage perpétuel qui continuera avec mon prochain livre. Vers où ?
Moussa Konaté, La malédiction du Lamantin, Fayard, 2009.