Archive for the ‘Entrevues et médias’ category

En attendant les Printemps

17/05/2016

Plus que quatre jours avant les Printemps meurtriers de Knowlton et nous sommes quelques-uns à attendre la fin de semaine avec impatience. Mais il y a des petits plaisirs avant le grand jour.

Par exemple, retourner à Mission encre noire le temps d’une émission pour parler à Jacques Saussey en compagnie d’Éric.

Bon, nous ne l’avons pas eu directement en studio, l’auteur français aime le Québec et il profite de son séjour pour se balader dans la province. Mais cela ne l’a pas empêché de répondre à nos questions par téléphone.

Si vous voulez en savoir plus sur son dernier roman Le loup peint, son écriture, ses liens avec les autres auteurs et son prochain week-end à Knowlton, à vos balados !

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Attention, bibliothèques dangereuses

08/11/2015

L’an dernier, on avait décidé de ne plus vraiment fréquenter les librairies, elles devenaient bien trop funestes. Vous vous étiez réfugiés dans les bibliothèques ? Mauvaise idée, vous n’y êtes pas plus à l’abri d’un crime, comme vous pourrez le voir dans le nouveau recueil publié aux Éditions Druide, Crimes à la bibliothèque.

crime-biblioEncore une fois, Richard Migneault a réussi son pari : réunir des nouvelles aussi variées sous une seule couverture pour faire rencontrer aux lecteurs des facettes du polar d’ici. Il a contacté 17 auteurs différents du premier volume, Crimes à la librairie, leur a donné la contrainte du lieu et voilà !

Vous retrouverez dans ce livre des noms que vous connaissez probablement déjà et d’autres que vous aurez beaucoup de plaisir à découvrir. Anna Raymonde Gazaille signe un texte très fort, intitulé Guerrière, à la limite du roman policier, mais qui nous amène au-delà de nos frontières dans une histoire universelle. François Lévesque, avec Combustion lente, s’intéresse à un problème plus proche, celui de l’intimidation, et il le fait avec beaucoup de talent. Elles sont probablement mes deux nouvelles préférées, mais d’autres ne sont pas loin derrière. Laurent Chabin donne au recueil la touche d’humour noir qu’il manie si bien, attention, La littérature est un plat qui se mange froid. Maxime Houde a décidé de s’essayer au western avec un cowboy vengeur, cela marche pour moi. Vous ne regarderez plus les usagers de la Grande Bibliothèque de la même manière après avoir lu la nouvelle d’André Marois et Martin Winckler nous offre un crime dans une pièce close tout en nous permettant de renouer avec Boris Vian. Jacqueline Landry, quant à elle, installe une ambiance mystérieuse; ne croyez pas tout ce que vous voyez et obéissez aux bibliothécaires. Et puis il y a les autres aussi : Hervé Gagnon qui nous amène en Enfer, cette partie des bibliothèques où l’on retrouve les ouvrages licencieux ou dangereux ; François Barcelo, fidèle à lui-même, haït, cette fois-ci, les livres. Jean Lemieux revient avec son héros André Surprenant et vous lirez également David Bélanger, Roxanne Bouchard, Sylvie-Catherine de Vailly, Michel Jobin, Maureen Martineau, Maryse Rouy et Francine Ruel.

Vaste programme, qui nous permet de voir comment les auteurs jouent avec la contrainte qui leur est donnée et en font quelque chose de complètement différent pour chaque texte. Le lecteur sera bien sûr amené à en préférer certaines plutôt que d’autres selon ses goûts personnels, mais je n’ai été vraiment déçue par aucune.

Le polar québécois continue de prendre de l’envol et de nous prouver que sa communauté est bien vivante et qu’il y en a pour toutes les envies. Vous ne les connaissez pas encore ? Procurez-vous Crimes à la bibliothèque et son grand frère Crimes à la libraire. Vous n’aurez que l’embarras du choix pour vos prochaines lectures !

Sous la direction de Richard Migneault, Crimes à la bibliothèque, Druide, 2015.

Je ne pouvais pas laisser passer l’occasion d’en savoir plus sur le livre; Éric et moi avons donc invité Richard Migneault et deux de ses auteurs à Mission encre noire. Cela a été une heure passionnante en compagnie du directeur du recueil, d’Anna Raymonde Gazaille et de Martin Winckler, où nous avons parlé d’écriture, de comment choisir un sujet, d’inspirations, de polar québécois et de crimes bien sûr. À vos podcasts !

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De retour sur les ondes

01/10/2015

Mardi, c’était ma rentrée à Mission encre noire. Et pour fêter ça dignement, rien de mieux qu’une émission avec invité ! Nous avons donc reçu Hervé Gagnon avec qui nous avons échangé sur son dernier livre Maria paru chez Libre expression.

Il s’agit d’une nouvelle enquête de son héros que nous avions déjà rencontré dans Jack puis au printemps dans Jeremiah. J’avais d’ailleurs parlé de Jack sur CHOQ.

MariaCette série suit un journaliste, Joseph, dans le Montréal de la fin du 19e. Accompagné par sa sœur Emma, d’un ancien de Scotland Yard, George McCreary et de l’inspecteur Arcand de la police de Montréal, il se retrouve confronté à des dangers considérables. Dans Jack, il s’agit de découvrir si Jack l’Éventreur ne se serait pas rendu de ce côté de l’Atlantique, dans Jeremiah, le Ku Klux Klan n’est pas loin et dans Maria, c’est l’Église qui est au centre de l’histoire, sur fond d’abus de mineure et de meurtres de bébés.

Hervé Gagnon arrive comme chaque fois à nous embarquer avec bonheur dans ce voyage dans le temps. On se retrouve transporté dans une Montréal plus sale, moins peuplée, mais déjà aussi corrompue. Ce mélange de faits réels et de fiction puisque l’auteur est historien ajoute à la crédibilité du récit tout en nous laissant le loisir de suivre avec plaisir la vie privée de ses personnages. Le suspense s’installe et le lecteur s’interroge : que se passe-t-il réellement derrière les portes des couvents et Emma restera-t-elle vieille fille ? La réponse dans les prochains épisodes, car Hervé Gagnon a encore quelques enquêtes en tête pour Joseph Laflamme.

Mais pour en savoir plus sur l’auteur et ses livres, écoutez donc l’émission où pendant une heure, il nous en a dit beaucoup, juste de quoi nous mettre l’eau à la bouche pour la suite. À vos balados !

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Entrevue avec Roxanne Bouchard

22/06/2015

Je ne travaille pas très vite, mais je n’oublie pas les projets passés. Il reste dans mon sac de voyage deux rencontres faites pendant les Printemps meurtriers de Knowlton que je n’ai pas encore eu le temps de vous présenter. Celle d’aujourd’hui est l’entrevue que m’a accordée Roxanne Bouchard qui était présente pour la première année au festival et je la remercie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.

Roxanne Bouchard est une auteure vagabonde. On l’a découverte avec son roman Whisky et Paraboles pour lequel elle a obtenu le prix Robert-Cliche en 2005 (prix du premier roman). Elle se tourne ensuite un peu plus vers l’humour avec La gifle et Crématorium circus (qui fait partie des cinq textes parus dans le cycle L’Orphéon chez VLB). Le ton du suivant est beaucoup plus sérieux, puisqu’il s’agit d’un échange épistolaire qu’elle a entretenu pendant cinq ans avec le caporal Patrick Kègle et qui a été publié sous le titre Terrain miné. Correspondance en temps de guerre. Avec son dernier livre, Nous étions le sel de la mer, elle s’approche du roman policier en nous entraînant dans une enquête parmi les pêcheurs gaspésiens.

Lorsque je l’interroge sur le lien qui relie tous ses projets, elle me parle tout de suite de curiosité. Elle se voit plutôt comme un reporter qui part sur un sujet et c’est en s’y intéressant qu’elle trouve ses histoires, qui lui sont racontées par les gens qu’elle rencontre. C’est cela son fil conducteur, beaucoup plus qu’un genre littéraire en particulier.

Nous étions le sel de la merElle le dit d’ailleurs dès le début de l’entrevue : « on écrit du roman en partant » plutôt qu’un genre. Selon elle, Nous étions le sel de la mer n’est pas un polar à proprement parler, mais plutôt le récit d’un village dérangé par une enquête. Et c’est cet univers maritime qu’elle voulait présenter. Faisant elle-même de la voile sur le Saint-Laurent, elle sait la difficulté de voguer sur ces eaux et les problèmes des pêcheurs actuellement. Elle les a donc mis au premier plan de cette histoire autour d’une femme très appréciée qui part en mer et qui sera retrouvée morte dans les filets d’un bateau. Le policier dépêché sur place ne connaît pas cet univers et se laissera trompé par les témoins qui lui parlent. Car Roxanne Bouchard le dit : tous ses pêcheurs sont un peu menteurs.

Lorsqu’elle décrit son enquêteur, on comprend effectivement qu’elle veut s’éloigner du polar américain, elle prévient que son Joaquim Morales n’est pas un flic à l’américain, aux gros bras et au flingue toujours sorti, mais plutôt un homme déchiré par ses émotions, vivant comme il le peut sa crise de la cinquantaine. Elle ne l’utilisera pas dans une série classique; pourtant, elle m’annonce qu’il reviendra dans un autre texte, car, et c’est la première fois que cela lui arrive, elle ressent que ce personnage n’a pas encore tout dit et qu’il lui reste du potentiel.

Il y a donc un projet de plus dans la bourriche de Roxanne Bouchard qui n’en manque vraiment pas. À la fin de cette entrevue, elle m’explique qu’elle participera à différents recueils de nouvelles, dont Crimes à la bibliothèque chez Druide (que nous attendons tous avec impatience à l’automne). Elle écrit également un monologue amoureux, qui sera joué par la comédienne Marie-Joanne Boucher à Joliette en 2016. Enfin, elle revient vers le thème de la guerre puisqu’en partenariat avec la base militaire de Valcartier, elle a pu rencontrer des soldats ayant connu les combats. Son projet est de raconter à leur manière ce qu’ils ont vécu.

Un vaste programme pour cette auteure dont on va probablement lire le nom souvent, quel que soit le genre littéraire.

Pour une chronique sur Nous étions le sel de la mer, je vous envoie chez Richard de Polar, noir et blanc.

Pour entendre l’entrevue que j’ai réalisée, au naturel, pendant les Printemps meurtriers de Knowlton.

Entrevue avec Jacqueline Landry

02/06/2015

Je continue sur ma lancée des Printemps. Après les entrevues pour la radio, voici celles pour Carnets Noirs. Pourquoi ne pas commencer par l’auteure qui a fait le plus de chemin pour venir jusqu’à nous : Jacqueline Landry.

Cette journaliste québécoise, installée aujourd’hui à Vancouver, est chef d’antenne au Téléjournal Colombie-Britannique de Radio-Canada. En 2014, elle a publié son premier roman Terreur dans le Downtown Eastside aux éditions David. Elle est revenue dans l’est le temps du festival de Knowlton pour échanger avec ses collègues sur le polar. Une belle occasion pour nous de la rencontrer.

Terreur dans le Downtown EastsideTerreur dans le Downtown Eastside raconte des meurtres de prostituées dans ce qui est, me rappelle Jacqueline Landry, l’un des quartiers les plus pauvres et les plus dangereux du Canada. Quand je lui demande ce qui l’a poussée à se mettre à l’écriture, elle me répond que c’est justement tous ces faits divers qui s’accumulaient sur sa table des nouvelles en tant que journaliste. En arrivant en Colombie-Britannique, elle a découvert une grande détresse, mot qui reviendra souvent dans la discussion. Ce qu’elle a vu, au-delà de la violence évidente, ce sont aussi toutes ses victimes collatérales, comme les familles des membres de gang par exemple, qui lors des arrestations de leurs proches, perdent tout en un instant.

Dans sa vie professionnelle, elle ne pouvait que faire ce qu’elle appelle des « instantanés », des histoires très courtes, tout en restant le plus impartiale possible pour laisser le public se faire son opinion. Elle désire garder cette neutralité dans ses romans, mais au moins a-t-elle le temps de développer son récit et d’expliquer en détail pour que le lecteur ait plus d’informations en main. La journaliste n’est jamais bien loin de l’auteure et elle ne souhaite clairement pas distancer les deux.

Lorsqu’elle parle de cette empathie qui la pousse à s’exprimer pour les autres, elle raconte que cela fait partie d’elle. Elle a grandi à Saint-Jean-Vianney et a perdu des membres de sa famille dans le glissement de terrain qui a frappé le village. Selon elle, c’est d’avoir vécu cette tragédie qui fait qu’elle ne veut pas qu’on oublie les victimes de la société.

Cette volonté d’écrire sur ceux qui souffrent ne s’arrête pas aux crimes violents, puisqu’elle utilise aussi son expérience d’expatriée dans le roman. Une partie du récit raconte le voyage d’un policier et de sa famille après sa mutation à Vancouver. C’est surtout le regard de Rachel, sa femme, qui nous montre ce déracinement, que Jacqueline Landry a probablement ressenti lorsqu’elle-même a fait le déplacement vers l’ouest pour suivre son mari qui travaille à la GRC ; le tout sans aucun soutien du système, comme elle le souligne. La neutralité à laquelle elle tient tant semble mise à mal ici, mais cela ne peut rendre le roman que plus juste.

Elle admet d’ailleurs volontiers qu’elle utilise ce qu’elle voit pour l’injecter dans sa fiction. Comme elle n’a jamais renoncé à aller sur le terrain, cette réalité se retrouvera probablement dans ses prochains livres. En attendant, elle vient de terminer le tome 2 de cette trilogie qu’elle a appelé le Cri du West Coast Express et espère écrire le troisième volume cet été. Sa manière à elle de dénoncer ce qui se passe dans le Downtown Eastside, ce quartier toujours plus violent, et de donner un visage aux victimes.

Entrevue pendant les Printemps meurtriers. Photo: David Warriner

Entrevue pendant les Printemps meurtriers.
Photo: David Warriner

Retour sur les Printemps à Mission encre noire

26/05/2015

J’ai toujours l’impression après les Printemps meurtriers que c’est les Printemps encore longtemps. Parce que ce n’est pas tout de s’amuser une fin de semaine, mais il faut bien se mettre au travail en revenant, avec tout ce matériel accumulé. Après les auteurs, c’est au tour des chroniqueurs de faire leur boulot. Donc, retour sur le festival à Mission encre noire avec Éric.

J’y raconte rapidement pourquoi c’était bien, très bien, trop bien, comme d’hab’ quoi !

Mais surtout, je laisse la parole à deux auteurs rencontrés là-bas : Ghislain Taschereau qui m’en dit un peu plus sur son dernier roman Tag et Ian Manook qui me parle de son Yeruldelgger mongol, que j’avais beaucoup aimé.

Ça passe définitivement trop vite trente minutes d’antenne.

Pour écouter, à vos balados ou cliquez sur le joli logo !

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Le son d’abord, l’écrit plus tard

28/04/2015

Il y a des jours comme ça, qui se transforment en semaines, qui se transforment en mois. Je sors un bout de nez et je replonge. J’ai l’impression d’avoir hiberné une partie de l’hiver, en grande partie sur mon lieu de travail ; ma vie se résumant à métro-boulot-dodo. Mais bon, ce n’est pas tout ça, il n’y a plus de neige dans mon arrière-cour, mon gros manteau a repris sa place dans le placard et les bixis sont de sortie. Il est temps d’émerger de sous ma couette !

La première étape de cette renaissance printanière a été sonore sur les ondes numériques de Choq.ca. C’était le soir de Carnets Noirs à Mission encre noire avec rien que du polar juste pour moi.

En entrée, le dernier Philip Kerr, Les ombres de Katyn. On y retrouve Bernie Gunther à la frontière biélorusse, chargé d’enquêter par Goebbels sur le massacre de milliers de soldats polonais enterrés dans des fosses communes. La vérité importe-t-elle encore en temps de guerre ? Et quelle valeur peut-elle avoir aux yeux des nazis ? C’est prenant, sombre bien sûr, mais avec tout l’humour noir dont Bernie est capable, on sourirait presque.

On est resté dans le noir, mais très différent avec Éric. Il ne pouvait tout de même pas louper le nouveau Laurent Chabin, lui qui est fan ! Et donc, il nous a parlé de Quand j’avais 5 ans, je l’ai tué, qui vient de paraître. Un de mes prochains livres, c’est sûr, puisqu’en plus, il fait partie des invités aux Printemps meurtriers de Knowlton.

Et enfin, je ne pouvais pas faire autrement que de revenir sur L’archange du chaos de Dominique Sylvain chez Viviane Hamy. C’était obligé, j’ai vraiment aimé et je n’ai pas encore atteint mon quota pour convaincre les gens de le lire !

Pour écouter l’émission et savoir pourquoi on vous conseille ces trois lectures, à vos podcasts ou sur le site de Mission Encre noire.

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Et à la radio?

24/03/2015

Et bien à la radio, on parle encore de Sam Millar, parce que quand on aime, on ne compte pas ! Donc, pour la carte blanche à Mission encre noire, je suis revenue sur ce Cannibale de Crumlin Road, que j’ai vraiment beaucoup apprécié. Et j’avais des choses à dire que je n’avais pas eu le temps d’écrire dans ma chronique précédente.

Éric, lui, a préféré le soleil de Cuba et le style de Leonardo Padura pour son impressionnant Hérétiques chez Métailié. Un roman qui l’a profondément marqué et qu’il nous conseille.

Alors, pour en savoir plus, à vos balados !

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Coup de gueule et coup de coeur

21/11/2014

La fille n’est pas contente !

Je sais que je devrais m’y attendre et m’habituer avec le temps. Mais j’estime que ma capacité à continuer de m’indigner est un signe de ma bonne santé mentale ! Non, mais c’est vrai quoi, en 2014, avoir des discours pareils montre un manque de culture incroyable.

De quoi je parle ? Du nouveau livre de chez First, La littérature française pour les nuls. Vous pensez bien qu’on s’est empressé de le feuilleter à la librairie et il n’a pas tenu deux minutes d’examen. Mon collègue spécialiste de Gary y a vu des erreurs à l’entrée sur l’auteur en question. Pour ce qui est des Québécois, il faudrait que l’éditeur remette ses infos à jour : Michel Tremblay a déménagé du carré Saint-Louis et cela lui a laissé le temps d’écrire beaucoup plus qu’une dizaine de romans. Quant à Réjean Ducharme, le titre de son livre est Océantume et non Océan toume. Mais bon, on s’entend, hein, le Québec est bien loin de Paris, qu’est-ce qu’on s’en fout !

Mais si j’en parle ici, c’est pour l’entrée polar, bien sûr ! Qui s’appelle dans les circonstances Rompol. Je sais bien que Fred Vargas a inventé le mot, mais il me semble bien peu utilisé. J’ai dû l’expliquer à mes collègues qui sont pourtant très compétents, je vous l’assure. Passons ce détail pas très important, parce que ça ne s’arrange pas et je cite :

« Le roman policier se porte bien. Ses lecteurs aiment le suspense, fuient les contorsions stylistiques, adorent comprendre du premier coup tous les mots et toutes les phrases de la page qu’ils lisent. Ils découvrent avec une gourmandise d’enfant les indices que sème astucieusement un auteur aussi futé que le Petit Poucet du conte avec ses petits cailloux. L’attente de la surprise finale – le nom du coupable, toujours le même, celui qu’on n’aurait jamais soupçonné ! – est un délice ; ils s’en délectent. »

Bon, je ne suis pas certaine d’avoir bien compris ; après tout, je suis une lectrice de polar ; mais je crois bien que mon intelligence vient d’être insultée.

Des auteurs cités par la suite ? Bien sûr ! Dans la même catégorie : De Villiers, Daeninckx et Izzo, parce que ça se ressemble, c’est sûr ! Et les contemporains ? Guillaume Musso, Maxime Chattam et Jean-Christophe Grangé. Parfait, ça fait le tour de la question, non ? (C’est de l’ironie, je spécifie si vous n’aviez pas compris, lecteurs limités que vous êtes !)

Par où je commence après avoir hurlé ? Il me semble que Jean-Joseph Julaud, l’auteur de l’ouvrage en question, a de la lecture en retard côté polar. Ça et qu’il prend le lecteur du genre pour un abruti illettré !

Je comprends bien que c’est pour les nuls, mais ce n’est pas la peine d’avoir ce ton de copain qui sait mieux que toi, mais qui a la gentillesse de t’expliquer.

M’énerver ne sert à rien, je ne peux pas y faire grand-chose. Je peux quand même en parler comme blogueuse et conseiller (ou déconseiller dans ce cas) en tant que libraire. Et peut-être que des lecteurs de polar vont lire mes phrases, même si elles ne racontent pas une histoire avec du suspense et un coupable dénoncé par les miettes du petit Poucet.

Mais heureusement, il y a…

Sur une note beaucoup plus positive et parce qu’il y a des amateurs éclairés du genre, c’était la semaine de la carte blanche à Carnets Noirs à Mission encre noire ! Un menu copieux cette fois-ci puisqu’Éric et moi avons parlé de quatre romans.

De son côté, c’était 100 % football avec Rouge ou mort de David Peace chez Rivages et Jeudi Noir de Michael Mention aux éditions Ombres Noires. Il m’a même donné envie de les lire et pourtant, je n’aime vraiment pas le ballon rond !

Et pour moi, voyage à l’étranger. Première étape en Australie avec La promesse de minuit de Zane Lovitt dans la nouvelle collection polar du Mercure de France. J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman construit comme un recueil de dix nouvelles qui nous parle de la lente descente vers le pire d’un privé qui se fera un jour cette promesse de minuit. Zane Lovitt a une manière originale de raconter ces histoires et une écriture qui correspond parfaitement à son récit. Ses enquêtes flirtent parfois avec l’humour noir quand elles ne sont pas d’une tristesse sans fin sur l’âme humaine. Mais la rédemption est peut-être possible, qui sait. Une belle découverte, faite par hasard lors de la venue de l’éditrice à Montréal.

Et puis, il me fallait bien reparler du Kobra de Deon Meyer; quand on aime, on ne compte pas !

Tout cela en écoute sur Mission encre noire !

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Hors du blog

02/11/2014

Ce n’est pas parce que je suis muette ici que je n’écris pas ailleurs. Ceci explique en partie cela. Ça et le fait que c’est l’automne qui me finira peut-être : trop d’heures en libraire, trop de rhumes carabinés qui me tombent et me retombent dessus et trop d’épuisement à la fin de la semaine. Vous ne voulez pas me plaindre un peu ? Allez, juste un peu ? Non ? Ok, vous n’avez pas tort, vous avez sûrement une vie plus folle que la mienne. Pour la pitié, je vais plutôt appeler ma mère.

Mais revenons à nos moutons, donc, la critique ailleurs que sur ces pages.

Si vous souhaitez connaître mon avis sur Dark secrets de Hjorth et Rosenfeldt, Une terre si froide d’Adrian McKinty, Face à la nuit de Peter Robinson, ainsi que de nombreuses autres références de mes collègues, vous pouvez vous procurer Alibis, le numéro 52 de l’automne 2014. Vous y trouverez pleins de petits plaisirs, comme des nouvelles de Jean Charbonneau (qui a reçu la révélation de St-Pacôme en 2013), François Leblanc et Camille Bouchard, mais aussi un article sur le polar et Richard III par Norbert Spehner et une entrevue avec Maxime Houde.

Et tant que vous êtes chez votre libraire (indépendant, c’est mieux !), profitez-en pour attraper le nouveau numéro de la revue Les libraires. Vous connaissez déjà mon avis sur le tome 2 de Dark secrets, mais vous pourrez y lire tous les conseils des libraires du Québec ainsi qu’un dossier sur la musique et la littérature !

Et pour ceux qui ne seraient pas au Québec, le tout est disponible en ligne, à l’achat pour Alibis et gratuitement pour Les libraires ! Y’a pas de raison qu’on lise les journaux français et que les Français ne nous lisent pas !