On fait du 2 en 1, une fois de plus pour rattraper les lectures en retard. C’est une soirée « j’aime », rien de négatif à écrire; mais dans des genres très différents. Je commence par lequel? Polar ou pas polar? Allez, pas polar! Eh bien oui, des fois, ça m’arrive!
J’avais déjà annoncé ici tout le bien que je pensais de Mayonnaise d’Éric Plamondon. Il faut dire qu’avant celui-là, j’avais aussi adoré Hongrie-Hollywood Express. Alors j’étais assez excitée de la sortie de Pomme S. Verdict rapide? Pas déçue un instant, même plaisir de lecture! Mais je laisse le chapitre 14 du livre rappeler le contexte:
« En 1984, Johnny Weissmuller meurt de vieillesse. Richard Brautigan se tire une balle dans la tête et Gabriel Rivages perd sa virginité. C’est aussi l’année où Apple lance le Macintosh. »
Hongrie-Hollywood Express partait sur les traces de Tarzan et Mayonnaise suivait l’auteur Brautigan. Pomme S s’attaque donc à Steve Jobs et on retrouve également Gabriel Rivages, le personnage déjà connu. Sa vie alterne avec celui du célèbre patron d’Apple, de la naissance de ce dernier jusqu’à sa mort.
Comme dans les précédents romans, pas de récit linéaire, mais des faits, des anecdotes, des digressions qui mis bout à bout, forment un tout parfaitement logique. Il y a de l’émotion dans ce texte, mais aussi beaucoup de réflexion et de la critique parfois, dans des phrases courtes qui nous en disent plus.
Je pourrais simplement citer mon appréciation de Mayonnaise et dire que Pomme S : « est un petit bijou, fait de phrases que l’on relit pour le plaisir et qu’on voudrait noter dans un carnet jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’est le livre au complet que l’on recopierait. » L’impression est tout à fait la même.
On parle bien sûr d’informatique et de l’histoire de la compagnie Apple, il est aussi question de marketing, les deux vont ensemble. Surtout quand on se souvient de la publicité de Ridley Scott en 1984 pendant le Super Bowl qui annonçait la naissance de l’ordinateur personnel. Mais cela ne suffirait pas à attirer mon attention, même si toutes mes critiques sont rédigées sur Mac. Au-delà de tout ça, il y a une écriture, une voix. C’est un objet littéraire difficile à décrire, mais très facile à vendre: c’est excellent, vous devez absolument lire ça!
J’avais rencontré le commandant Leoni, flic Corse perdu dans le Nord, dans Carrières Noires. Je l’ai retrouvé avec plaisir dans Le cimetière des chimères. Il se trouve chargé d’une affaire un peu glauque. Un homme a été abattu pendant … un enterrement. Y a-t-il un lien entre la victime et le mort précédent? Difficile de découvrir quoi que ce soit quand, en face, ceux qui savent se serrent les coudes.
Il neige sur Lille, les routes sont bloquées et Leoni stagne, mais pas pour longtemps. Encore une fois, Elena Piacentini nous offre une enquête bien foutue et entraînante. Mais ce qui me fait surtout aimer ses romans, c’est ce personnage de Leoni et ceux qui l’entourent. L’homme essaye de panser ses blessures et de se projeter vers demain, il est attachant. Sa mémé Angèle et la légiste qui partage occasionnellement ses nuits le sont tout autant dans leur volonté à l’aider à avancer. Tous les protagonistes sont à la fois trop originaux et parfaitement crédibles, ce qui est selon moi le talent des grands.
Il est bien dommage que les éditions Au-delà du raisonnable ne soient pas encore distribuées au Québec, ce n’est pas la première découverte qu’ils me font faire, mais espérons que les lecteurs d’ici pourront bientôt lire les enquêtes de Leoni! Surtout qu’Elena Piacentini offre à la fin de son roman un clin d’œil à mon blogueur québécois préféré. Leoni viendra-t-il balader ses valises par chez nous?
Éric Plamondon, Pomme S, Le Quartanier, 2013.
Elena Piacentini, Le cimetière des chimères, Au-delà du raisonnable, 2013.