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Le top de Noël

21/12/2010

Ce sera plus que probablement ma dernière note pour l’année 2010 puisque je m’envole demain vers l’Europe pour passer Noël en famille. Croiser les doigts pour moi,  je n’ai aucune envie de passer le réveillon dans un aéroport.

Et pour finir définitivement polar, voici l’exercice traditionnel du top de l’année puisque j’ai dû me prêter au jeu pour la librairie.

Alors un top 5 mais sans ordre de préférence, je n’y serais pas arrivée:

Sukkwan Island de David Vann chez Gallmeister.

Underworld USA de James Ellroy chez Rivages. D’avoir rencontré le bonhomme en question a ajouté un plaisir supplémentaire à ma lecture.

Le Camp des morts de Craig Johnson chez Gallmeister.

Salt River de James Sallis en Série Noire.

Les Anonymes de R.J. Ellory chez Sonatine.

Je vous souhaite à tous un excellent noël et pleins de polars en cadeau! Je reviens en 2011.

Lectures en vrac et dans le désordre

04/08/2010

Ça commence à ressembler à un été pas le goût de bloguer. Ce ne sont pas les lectures qui manquent. Non, non, ça va bien de ce côté-là. Pas la faute de vacances non plus, celles-là on les attend pour fin août et j’ai hâte. Pas de bras dans le plâtre qui empêcherait de taper sur un clavier, pas de dépression chronique. Rien de grave, vraiment.

C’est peut-être juste qu’il fait trop chaud! Et c’est une fille du sud de la France qui le dit, la chaleur humide de Montréal m’épuise, me liquéfie. Et ça ne s’arrange pas aujourd’hui, plein de pluie et toujours aussi lourd.

Je lis et je n’en parle pas, je le garde pour moi. Je passe d’un polar à l’autre, je dévore, me promenant de Haïti à Berlin en passant par Los Angeles. Mais la bavarde en moi se manifeste. Ça sert à quoi de lire pleins de choses et de ne pas partager? Alors je me lance dans un tour rapide de mes dernières lectures. Histoire de me remettre dans le rythme. Un peu comme un exercice de libraire finalement, parler en quelques mots des livres lus pour convaincre et parfois dé-convaincre. Et peut-être que je reviendrai bientôt un peu plus longuement sur certains qui mériteraient beaucoup plus de mots.

Commençons donc par le passe-partout, la lecture agréable mais sans plus par ses chaleurs assommantes: Silence Radio de Robert Rotenberg, un auteur qui m’avait attiré parce qu’il était canadien. Une histoire de meurtre et une enquête dans un style assez classique mais tout de même bien ficelé. Ou encore Silence de Thomas Perry (j’ai de la suite dans les idées) où un privé se lance à la recherche d’une femme qu’il a aidé à disparaître des années plus tôt car sa vie est à nouveau en danger. À mon avis du thriller américain assez classique qui ne réinvente pas le genre mais qui se laisse siroter avec plaisir.

Puis il y a ceux que j’attendais car j’avais lu les précédents. C’est le cas de Denise Mina avec Le Dernier souffle. J’avais aimé Le champ du sang même si cela n’avait pas été un coup de foudre immédiat. J’ai trouvé celui-ci meilleur, mieux construit avec des personnages moins stéréotypés et plus en nuance. J’ai plus apprécié son héroïne Paddy, moins naïve avec les années. Denise Mina nous montre l’ambiance de Glasgow, les liens politiques avec l’IRA et la difficulté d’être journaliste dans tout ça. Un voyage en terre écossaise!

Pour ceux qui voudraient un peu plus d’exotisme, Qiu Xiaolong me déçoit rarement et cela n’a certainement pas été le cas cette fois-ci. Les courants fourbes du lac Tai ou comment la Chine capitaliste a bien du mal à comprendre le concept d’écologie. Heureusement, l’inspecteur Chen est là pour essayer d’y remédier. Et le décor qu’il installe nous donne définitivement envie de manger chinois, mais peut-être pas du poisson péché dans ce lac.

Après les écrits qui me sont confortables, l’ovni: Le livre sans nom (et sans auteur) chez Sonatine. Les Inrocks se demandaient si Tarantino avait écrit ce livre. Ils rajoutaient même que cela dynamitait les conventions du roman noir. Là, ça va un peu loin à mon avis, l’exagération guette. Pour ce qui est de l’auteur, je ne sais pas et finalement je m’en fous mais je comprend le rapprochement. C’est bon comme un Pulp Fiction. Il y a en trop, partout, et ça ne se raconte pas sans avoir l’air ridicule. Ça ressemblerait à un mauvais film de série B si c’était mal fait mais heureusement, c’est loin d’être le cas. C’est plein de références à la culture populaire et j’ai dû en rater énormément. De la lecture violente mais sans l’horreur, du rapide avec pop-corn.

Et ensuite qu’est-ce qu’il reste? Il reste la lecture noire vers laquelle on sait qu’on va revenir parce que c’était trop bon, comme le dernier James Sallis, Salt River. Je l’avais découvert avec Drive que j’avais beaucoup aimé et je ne sais pas pourquoi je l’avais quelque peu oublié. C’était une erreur. Sallis a le ton, le style, il installe l’atmosphère du Tennessee avec talent. Il n’est pas bavard, nous en dit juste assez pour que l’on sache en devinant, que l’on comprenne la douleur de John Turner de vivre seul, sa volonté d’aider ses amis quand ils en ont besoin et de rendre un peu de justice tant qu’il en est capable. « Parfois, on n’a plus qu’a essayer de voir ce qu’on peut encore faire comme musique avec ce qu’il nous reste. » Une résolution, ne plus oublier James Sallis.

Finalement, pourquoi ne pas fouiller dans les bons vieux classiques, juste pour se rappeler d’où vient le polar. Et quoi de mieux pour cela qu’un Philip Marlowe qui nous dirait « Trouble is my business ». Les ennuis, il les trouve et les règle à sa manière. C’est comme replonger dans un bon film noir (avec l’accent anglais) et ça fait du bien.

Et Haïti et Berlin, dont je parlais au début? Haïti, c’est pour Tonton Clarinette de Nick Stone qui mérite largement un texte pour lui tout seul. J’y reviendrais donc plus tard. Et Berlin, j’y suis encore avec Philip Kerr dans Une douce flamme. Comme quoi, j’ai encore des choses à dire.

Robert Rotenberg, Silence radio, Presses de la cité, 2010 (Old City Hall, 2009), traduit de l’anglais (Canada) par Jacques Martinache.

Thomas Perry, Silence, Seuil, 2010 (Silence, 2007) traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie-France de Paloméra.

Denise Mina, Le Dernier souffle, Éditions du Masque, 2010 (The Last Breath, 2007) traduit de l’anglais (Écosse) par Oristelle Bonis.

Qiu Xiaolong, Les Courants fourbes du lac Tai, Liana Levi, 2010 (Don’t Cry, Tai Lake, 2009) traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanchita Gonzalez Batlle.

Le Livre sans nom, Sonatine, 2010 (The Book With No Name, 2006) traduit de l’anglais par Diniz Galhos.

James Sallis, Salt River, Gallimard, 2010 (Salt River, 2007) traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Maillet.

Raymond Chandler, Trouble Is My Business, Ballantine Books, 1972 (publié la première fois entre 1934 et 1950)