Retour dans le Red Light

Ayant beaucoup aimé les deux premiers volumes de Marie-Eve Bourassa, j’avais donc très hâte de lire Le sentier des bêtes et l’attachée de presse s’en doutait lorsqu’elle me l’a proposé (merci, Marie-Josée !).

Sentier des bêtesOn retrouve Eugène Duchamp, ancien flic, ancien drogué et bien décidé aussi à rester ancien détective privé ! Pour payer son loyer et ses menus besoins, il se prête plutôt à la contrebande d’alcool avec son ami Herb Parker. Après tout, la prohibition a des avantages pour certains. Mais voilà, comme dans tout bon polar, la vie n’est jamais un long fleuve tranquille et lorsque la danseuse de l’année, tout juste couronnée Miss Montréal, est découverte étranglée, Duchamp embarque dans l’enquête. Il ne connaissait pas vraiment Carole Morgan, mais le dernier à avoir vu la jeune femme vivante est son copain Herb et il a disparu depuis la nuit du meurtre. Le détective reprend donc du service pour le défendre, car il sait bien que le petit escroc noir n’a aucune chance face à la justice.

On le répète depuis le premier volume, mais Marie-Eve Bourassa est particulièrement douée pour nous transporter dans le Montréal des années 20 et 30. On regarde les rues, on entend les discussions, tout y est. C’est peut-être la qualité des dialogues qui sonnent si vrais, ou l’exactitude des descriptions, du moins tel que je les imagine, n’étant pas historienne ; pour la fiction, cela marche parfaitement.

Pourtant ce n’est pas que ça, cela ne suffirait pas à garder le lecteur en haleine. Il y a aussi ce personnage passablement magané par la vie qui, même s’il fait le dur, est au fond incapable de ne pas aider les plus vulnérables. Bien sûr, cela lui joue des tours. Classique, peut-être, mais tellement efficace ! L’intrigue qu’invente l’auteure est prenante, on veut savoir comment Eugène Duchamp se sortira de cet imbroglio, s’il y laissera des plumes ou s’il retrouvera l’amour de sa vie ; tout en se disant que ce n’est vraiment pas le lieu pour les « happy ends ». Au-delà de cette histoire très personnelle, Marie-Eve Bourassa ajoute le destin de ces immigrants chinois venus de si loin, mais que les triades ne lâchent pas, elle parle de la pauvreté dans les rues de Montréal, de ces filles pour qui danser, nues ou habillées, est « presque » une avancée dans la vie. C’est le portrait d’une époque et d’une couche de la société qu’on ne retrouve pas si souvent dans les romans.

Alors, ne boudez pas votre plaisir, surtout qu’il s’agit du dernier volume de la trilogie Red Light. Dommage ! Mais après tout, cela nous laisse la surprise de voir où nous amènera Marie-Eve Bourassa la prochaine fois.

Marie-Eve Bourassa, Red Light : Le sentier des bêtes, VLB éditeur, 2017.

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