Posted tagged ‘Littérature française pour les nuls’

Coup de gueule et coup de coeur

21/11/2014

La fille n’est pas contente !

Je sais que je devrais m’y attendre et m’habituer avec le temps. Mais j’estime que ma capacité à continuer de m’indigner est un signe de ma bonne santé mentale ! Non, mais c’est vrai quoi, en 2014, avoir des discours pareils montre un manque de culture incroyable.

De quoi je parle ? Du nouveau livre de chez First, La littérature française pour les nuls. Vous pensez bien qu’on s’est empressé de le feuilleter à la librairie et il n’a pas tenu deux minutes d’examen. Mon collègue spécialiste de Gary y a vu des erreurs à l’entrée sur l’auteur en question. Pour ce qui est des Québécois, il faudrait que l’éditeur remette ses infos à jour : Michel Tremblay a déménagé du carré Saint-Louis et cela lui a laissé le temps d’écrire beaucoup plus qu’une dizaine de romans. Quant à Réjean Ducharme, le titre de son livre est Océantume et non Océan toume. Mais bon, on s’entend, hein, le Québec est bien loin de Paris, qu’est-ce qu’on s’en fout !

Mais si j’en parle ici, c’est pour l’entrée polar, bien sûr ! Qui s’appelle dans les circonstances Rompol. Je sais bien que Fred Vargas a inventé le mot, mais il me semble bien peu utilisé. J’ai dû l’expliquer à mes collègues qui sont pourtant très compétents, je vous l’assure. Passons ce détail pas très important, parce que ça ne s’arrange pas et je cite :

« Le roman policier se porte bien. Ses lecteurs aiment le suspense, fuient les contorsions stylistiques, adorent comprendre du premier coup tous les mots et toutes les phrases de la page qu’ils lisent. Ils découvrent avec une gourmandise d’enfant les indices que sème astucieusement un auteur aussi futé que le Petit Poucet du conte avec ses petits cailloux. L’attente de la surprise finale – le nom du coupable, toujours le même, celui qu’on n’aurait jamais soupçonné ! – est un délice ; ils s’en délectent. »

Bon, je ne suis pas certaine d’avoir bien compris ; après tout, je suis une lectrice de polar ; mais je crois bien que mon intelligence vient d’être insultée.

Des auteurs cités par la suite ? Bien sûr ! Dans la même catégorie : De Villiers, Daeninckx et Izzo, parce que ça se ressemble, c’est sûr ! Et les contemporains ? Guillaume Musso, Maxime Chattam et Jean-Christophe Grangé. Parfait, ça fait le tour de la question, non ? (C’est de l’ironie, je spécifie si vous n’aviez pas compris, lecteurs limités que vous êtes !)

Par où je commence après avoir hurlé ? Il me semble que Jean-Joseph Julaud, l’auteur de l’ouvrage en question, a de la lecture en retard côté polar. Ça et qu’il prend le lecteur du genre pour un abruti illettré !

Je comprends bien que c’est pour les nuls, mais ce n’est pas la peine d’avoir ce ton de copain qui sait mieux que toi, mais qui a la gentillesse de t’expliquer.

M’énerver ne sert à rien, je ne peux pas y faire grand-chose. Je peux quand même en parler comme blogueuse et conseiller (ou déconseiller dans ce cas) en tant que libraire. Et peut-être que des lecteurs de polar vont lire mes phrases, même si elles ne racontent pas une histoire avec du suspense et un coupable dénoncé par les miettes du petit Poucet.

Mais heureusement, il y a…

Sur une note beaucoup plus positive et parce qu’il y a des amateurs éclairés du genre, c’était la semaine de la carte blanche à Carnets Noirs à Mission encre noire ! Un menu copieux cette fois-ci puisqu’Éric et moi avons parlé de quatre romans.

De son côté, c’était 100 % football avec Rouge ou mort de David Peace chez Rivages et Jeudi Noir de Michael Mention aux éditions Ombres Noires. Il m’a même donné envie de les lire et pourtant, je n’aime vraiment pas le ballon rond !

Et pour moi, voyage à l’étranger. Première étape en Australie avec La promesse de minuit de Zane Lovitt dans la nouvelle collection polar du Mercure de France. J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman construit comme un recueil de dix nouvelles qui nous parle de la lente descente vers le pire d’un privé qui se fera un jour cette promesse de minuit. Zane Lovitt a une manière originale de raconter ces histoires et une écriture qui correspond parfaitement à son récit. Ses enquêtes flirtent parfois avec l’humour noir quand elles ne sont pas d’une tristesse sans fin sur l’âme humaine. Mais la rédemption est peut-être possible, qui sait. Une belle découverte, faite par hasard lors de la venue de l’éditrice à Montréal.

Et puis, il me fallait bien reparler du Kobra de Deon Meyer; quand on aime, on ne compte pas !

Tout cela en écoute sur Mission encre noire !

mission encre noire mini