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Décorations, cadeaux et Top de l’année

11/12/2016

Décorations, check ! Musique de Noël dans les commerces, check ! Manteau de neige sur Montréal, recheck !

Ça y est, on y est, on est prêt ! C’est définitivement la période des fêtes. Alors avant de perdre le contrôle et de courir partout au boulot comme un poulet pas de tête (j’adore cette expression), je me dis qu’il est temps de vous annoncer le traditionnel top 5 de l’année puisque je me suis prêtée à l’exercice pour la librairie. Et puis, ça pourrait donner des idées de cadeaux pour ceux qui n’ont pas encore commencé leurs achats.

Comme d’habitude, le choix fut difficile (eh oui, j’ai du mal à me souvenir ce que j’ai lu dans l’année) et déchirant (il y a toujours un sixième qui aurait pu/dû être présent), mais bon, puisqu’il faut se lancer. Voilà, sans ordre particulier, mon top 5 de mes lectures parues cette année :

Ma part de Gaulois, Magyd Cherfi, Actes Sud. Pour la langue poétique, la réflexion sur l’immigration et l’intégration, le rapport au langage et l’accent de Toulouse. Et non, ce n’est pas du polar!

Le fils, Jo Nesbø, Gallimard. Parce que Nesbø, bien sûr ! Et puis parce qu’il réussit à faire changer notre regard sur les personnages au fil du récit d’une manière parfaite.

Sans terre, Marie-Ève Sévigny, Héliotrope noir. On manque terriblement de roman noir engagé au Québec, mais heureusement, de nouvelles voix arrivent. C’est le cas ici avec une histoire sur l’écologie et la corruption.

Cartel, Don Winslow, Seuil. J’avais adoré La griffe du chien, Cartel est définitivement une suite à la hauteur ! C’est noir et probablement très représentatif de l’hyper violence qui règne sur les territoires des cartels mexicains.

La loterie, Miles Hyman et Shirley Jackson, Casterman. Parce que la nouvelle de Shirley Jackson parue en 1948 n’a pas pris une ride et que l’adaptation en bande dessinée réalisée par son neveu est géniale.

Et puis, bon, puisque je suis chez moi et que je fais ce que je veux, je rajoute :

Viens avec moi, Castle Freeman, Sonatine. Pour l’humour noir et la situation absurde et pourtant complètement crédible.

Dodgers, Bill Beverly, Seuil. Un road trip américain avec des ados de gangs qui ne sont jamais sortis de chez eux.

Si, avec ça, vous ne savez pas quoi offrir ou que votre public est difficile, pensez référence et optez pour Le détectionnaire de Norbert Spehner chez Alire.

Allez hop, je repars dans ma course des fêtes. Joyeux Noël!!

Lectures de vacances

28/07/2015

Nous sommes fin juillet, je sais, et peut-être que beaucoup ont déjà pris leurs vacances. Comme moi pas encore, je ne suis donc pas trop en retard pour mes conseils d’été.

Conseils qui, avouons-le, sont simplement mes dernières lectures accumulées sur mon bureau, mais que j’ai, au demeurant, beaucoup aimé pour certaines.

La PieuvreLe premier livre est là depuis trop longtemps ! Parce que je voulais vraiment écrire une chronique dessus et que j’ai été passablement absente. Il s’agit de La pieuvre de Jacques Saussey. L’auteur était venu nous rendre visite à Knowlton il y a quelques années et j’avais apprécié et les textes et l’homme, il fait donc partie de ceux que je lis toujours avec plaisir quand ils reviennent. Surtout que j’aime beaucoup les personnages qu’il a créés et qu’on retrouve dans son sixième roman !

Cette fois-ci, ils seront d’ailleurs touchés de plein fouet par l’enquête qui va les occuper. Lisa Heslin et Daniel Magne sont flics à Paris. On les avait observés se rapprocher dans les précédentes livres et ils vivent maintenant ensemble, même s’ils ont parfois du mal à communiquer. Lisa doit se rendre dans le Sud, au chevet de sa mère mourante qu’elle n’a pas vue depuis des années. Pendant ce temps, Magne est chargé du meurtre d’un coursier. Le crime semble simple, mais l’enquête s’emballe lorsque l’arme ayant servi est identifiée. C’est la même qui, des années plus tôt, a été utilisée pour assassiner un juge, le père de Lisa, alors qu’elle n’était qu’une enfant. Daniel, connaissant sa compagne, décide de ne rien lui dire. Il est certain qu’elle partira en guerre, sans se soucier des règles. Mais il ne pourra probablement pas la protéger aussi longtemps qu’il le pense.

Jacques Saussey sait être efficace. Il construit son intrigue avec soin, nous perdant volontairement dans la chronologie, jusqu’à ce qu’on ne soit plus sûr de rien et on ne lui en veut pas un instant. J’ai retrouvé avec plaisir les flics qu’il a créés, que ce soit Daniel et Lisa, mais également l’équipe constituée autour d’eux. On sent la toile se tisser et on comprend que tout finira par s’expliquer. On s’inquiète de la tournure de l’enquête, car le groupe s’est attaqué à un adversaire qui n’a peur de rien et dont le pouvoir s’étend partout. Arriveront-ils à s’en sortir indemnes ? Je vous laisse aller le lire.

Un excellent thriller à consommer au jardin ou sur la place !

Sur ses gardesDeuxième conseil de lecture d’été, un autre Français, mais vivant au Québec cette fois-ci. Stéphane Ledien publie Sur ses gardes aux éditions À l’étage. Il s’agit du premier tome d’une trilogie, Les phalanges d’Eddy Barcot. Direction la France encore une fois, mais celle de la fin des années 90. Eddy Barcot est un ancien boxeur, il aurait pu être un bon, mais la vie ne fait pas toujours de cadeau. Aujourd’hui, il est agent de sécurité dans un grand magasin. Son plaisir, il le prend le soir, en entraînant des jeunes dans un gymnase et en offrant un ciné-club de façon bénévole. Jusqu’au jour où sa meilleure amie l’appelle. Son petit frère, Jalil, a disparu. Elle sait qu’il n’est pas parfait, que c’est un voyou, mais il est la seule famille qu’il lui reste. Barcot ne demande qu’à aider et il va chercher Jalil dans la cité. Il trouve rapidement une piste, sous la forme d’un cadavre inconnu ayant les papiers du garçon dans ses poches. Dans quels ennuis celui-ci s’est-il mis ? L’ancien boxeur continue sa quête, même lorsqu’il comprend que cela pourrait devenir dangereux pour lui aussi.

Je découvrais ici Stéphane Ledien et c’est une bonne surprise. D’ailleurs, ne vous fiez pas à la couverture, qui n’est pas représentative du livre, ce n’est pas un polar de boxe. On connaît mon amour pour le sport, je ne me serai pas rendue au bout. Il s’agit par contre d’un excellent roman sur la radicalisation, l’état des banlieues en France, le désespoir de ses jeunes qui tombent dans la délinquance de plus en plus tôt, car ils n’imaginent rien au bout du chemin. Et ne pensez pas que cela en fait un polar trop français, ce qui se dit là pourrait se passer partout. Pour raconter cela, l’auteur a créé des personnages assez intéressants, comme cet Eddy Barcot magané, mais qui n’a pas encore perdu l’espoir de voir son monde devenir meilleur.

J’ai bien quelques réticences, mais elle concerne plutôt l’édition, puisque j’ai constaté quelques incohérences chronologiques et des notes de bas de page à mon avis inutiles. Rien par contre qui ne gâche la lecture (je suis une râleuse patentée, on le sait) et il s’agit des premiers titres de cette nouvelle maison, je vais donc leur donner une chance.

On se laisse prendre au jeu du complot que Barcot démonte petit à petit, et qu’on soupçonne malheureusement beaucoup plus proche de la vérité qu’on le souhaiterait. Je suis sortie de ce roman très curieuse de voir ce que m’offrira le deuxième volume de cette trilogie.

Du sang sur la glaceEt finalement, un habitué de ce blogue, mais pour un livre que je considère vraiment comme une lecture d’été. On connaît mon amour pour Jo Nesbø et en particulier son héros d’Harry Hole. Je suis donc un peu craintive quand il arrive avec un autre personnage comme cela avait été le cas dans Chasseurs de têtes. Il remet cela avec Du sang sur la glace. Pas un polar, plutôt un roman noir, mais avec toujours l’efficacité Nesbø en marche.

Olav est expéditeur. Cela veut dire qu’il expédie ad patres ceux qui dérangent son patron, un mafieux installé à Oslo. Il n’a en général aucun scrupule à faire son travail, pourtant lorsqu’il voit sa prochaine victime, il ne peut s’empêcher de tomber sous son charme. Ne pas respecter son contrat pourrait le mettre dans un gros pétrin, surtout quand il s’agit de buter l’épouse (pas très fidèle) du boss. Il ne lui reste donc qu’à réfléchir vite pour trouver une solution, et Olav n’est peut-être pas le plus rapide des hommes, mentalement parlant.

C’est efficace, je l’ai dit, monté comme un excellent film d’action. De la même manière que dans Chasseurs de têtes, Nesbø nous manipule et nous cache une partie de la vérité sans avoir l’air d’y toucher. On se laisse entraîner sans discuter pour comprendre qui est Olav et voir si le tueur, auquel on s’attache peu à peu, va pouvoir s’en sortir et si finalement les histoires d’amour peuvent bien finir (parce que oui, il y a de l’amour en plus).

Ce n’est pas mon Nesbø préféré (je retournerai toujours à Harry, sans hésitation), et je le trouve un peu cher pour le petit format (à peine 150 pages), mais cela suffit amplement à raconter une histoire bien noire. La quatrième parle d’un hommage au roman noir américain et je suis bien d’accord avec la comparaison. Et puis un Nesbø, c’est bon, d’abord !

Voilà pour les trois premiers conseils, je vous reviens bientôt pour plus de chroniques, ma pile sur le bureau n’a pas encore disparu, avant de m’envoler vers mes vacances de l’autre côté de l’Atlantique.

Jacques Saussey, La pieuvre, Toucan noir, 2015.

Stéphane Ledien, Sur ses gardes, À l’étage, 2015.

Jo Nesbø, Du sang sur la glace, Gallimard, 2015 (Blood On Snow, 2015) traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier.

2015, nouvelle année, nouvelles lectures !

04/01/2015

Quelques semaines à me faire oublier et nous sommes déjà en 2015. Je m’excuse du long silence, il y a simplement des moments où l’on n’a ni le temps ni l’envie de communiquer. Et puis cela passe, on se rebranche et me revoilà.

Je vous souhaite donc une excellente année 2015, que vos lectures y soient noires et passionnantes ! Mais pour clore 2014 en douceur, je n’ai pas oublié de faire mon top 5. Voici mes coups de cœur de l’année :

Créole Belle, James Lee Burke, Rivages. Pour la Louisiane, la langue de James Lee Burke et ces deux têtes de mule que sont Robichaux et Purcell.

Bondrée, Andrée A. Michaud, Québec-Amérique. C’est à la fois noir et poétique. Une découverte et un coup de cœur immédiat. Ce polar qui n’en est pas un mérite largement tous les prix qu’il a reçus.

Police, Jo Nesbø, Gallimard. Ben quoi, on le sait que j’adore Harry Hole ! Je n’allais pas le laisser tomber.

Empty Mile, Matthew Stokoe, Gallimard. Pour la noirceur et ce paysage des États-Unis à nul autre pareil.

Crimes à la librairie, Collectif, Éditions Druide. Quelle meilleure manière de découvrir le polar québécois ?

Je n’en ai mis que 5, car c’était l’exercice choisi à la librairie, mais j’ai bien sûr dû faire un tri déchirant, comme d’habitude. Et pour ceux qui en 2015 se lanceront dans le défi de lire un roman québécois par mois, vous pouvez ajouter à vos listes de lecture sans avoir peur de vous tromper : Violence à l’origine de Martin Michaud, Repentir(s) de Richard Ste-Marie, Apportez-moi la tête de Lara Crevier de Laurent Chabin et Jack d’Hervé Gagnon.

Ça vous donne quelques idées ? Très bien, cela nous laisse du temps pour attendre les nouveautés !

Bonne année à tous !

Où est Harry?

20/02/2014

Je l’ai terminé il y a des semaines et je ne vous en ai même pas parlé. Blogueuse indigne! Je ne voudrais pas faire des envieux non plus, parce que je suis sûre qu’après Fantôme, nous sommes nombreux à nous demander ce qui est vraiment arrivé à Harry Hole.

Sauf que voilà, les chanceux qui lisent en anglais ont pu se procurer Police pour le savoir. J’avais décidé d’être patiente et d’attendre, mais une amie me l’a prêtée et franchement, je ne pouvais quand même pas refuser.

PoliceMaintenant, à moi de jouer les équilibristes pour faire une critique sans rien dévoiler de l’intrigue. Je devrais peut-être me mettre à écrire sur les romans d’amour Harlequin, ce serait sûrement plus facile.

Donc, Fantôme se terminait avec un Harry en très mauvaise position (et c’est un euphémisme), mis en joue par son propre fils adoptif, Oleg, alors que celui-ci avait déjà tué pour une histoire de drogue. Police ne reprend pas tout de suite la suite de cette intrigue. Oslo n’a pas besoin de Harry pour que des meurtres soient commis et cette fois-ci ce sont les policiers qui sont touchés dans leurs rangs. Des officiers sont retrouvés assassinés sur des scènes de crimes anciens qu’ils n’avaient pas réussi à résoudre. Il semblerait que quelqu’un ait des comptes à régler avec la justice.

Les collègues de Harry sont toujours là, même si l’équipe a été séparée après Fantôme. Ils devront enquêter sans l’aide du flic le plus célèbre d’Oslo. Les vieux ennemis ne sont pas partis non plus, ce qui pourrait poser problème. Rien de nouveau sous le soleil de Norvège.

C’est du Nesbo et je ne m’en lasse pas. L’intrigue est prenante, les personnages solides, le suspense s’installe et on laisse les heures passées sans s’en rendre compte. Nesbo arrive comme d’habitude à distiller des indices au fil de l’histoire, on pense comprendre, et non, il parvient quand même à nous surprendre. C’est efficace, bien foutu, captivant, avec assez de drame pour que cela fonctionne, et un peu d’émotion pour équilibrer.

J’admets, cela peut sonner comme une recette. Peut-être, mais quand elle est bonne, il n’y a pas de raison de la cuisiner régulièrement!

Et Harry dans tout ça? Désolée, je ne vous dirai rien, pas même sous la torture, vous me le reprocheriez ensuite. Il vous faudra lire en anglais (ou en norvégien, si vous préférez!) ou attendre avril pour la sortie en français.

Jo Nesbo, Police, Random House, 2013 (Politi, 2013) traduit du norvégien par Don Bartlett.

Une bonne année!

03/01/2014

It’s been a while! Eh oui, je ne suis pas vraiment présente ces dernières semaines. Mais vous savez ce que c’est: beaucoup de travail en librairie à Noël, les différents réveillons, le froid qui paralyse, le canapé traître qui nous tient dans ses coussins. D’accord, paroles, paroles.

J’admets, la notion clé ici est procrastination! Je l’aime bien ce mot-là, je ne le connaissais pas avant d’arriver au Québec. J’ai finalement adopté le vocabulaire et l’attitude. D’ailleurs, il faudrait que j’aille faire ma vaisselle, moi! Et peut-être que je devrais reclasser ma bibliothèque par ordre alphabétique inversé. Ne bougez pas, je reviens…

Ça suffit maintenant. 2014 sera Carnets Noirs ou ne sera pas, non mais! Parce que je dois bien l’admettre, même si je fais tout pour ne pas le faire, chroniquer des livres me manque. Le cerveau humain est un mystère sans fin, en particulier le mien.

J’écris donc partout sur les murs de mon appartement les conseils d’un ami sage: en 2014, retour au clavier, lecture et correspondance avec les amis. Je commence ici! Bonne année à tous, avec lectures noires, ou pas, rencontres littéraires enrichissantes et surtout beaucoup de plaisir!

Mais avant de se lancer à corps perdu dans l’année qui débute, il faut d’abord clore définitivement la précédente. Voilà enfin mon top 5 pour 2013 dans le désordre:

Dark Horse, Craig Johnson, Gallmeister. Longmire, je ne m’en lasse pas!

Fantôme, Jo Nesbo, Gallimard. Un top 5, un Nesbo, comme chaque année.

Coyote Crossing, Victor Gischler, Denoël. Pour la découverte et l’humour noir.

The Main, Trevanian, Gallmeister. Une évidence.

Pomme S, Éric Plamondon, Le Quartanier. Comme Nesbo, un Plamondon par liste annuelle! La fin de la trilogie 1984. Qu’y aura-t-il en 2014?

Et le numéro complémentaire: Le dernier Lapon, Olivier Truc, Métailié. Le titre 2012 oublié et rattrapé en 2013.

Bon, ce n’est pas tout ça, mais il faudrait commencer à lire pour préparer le prochain palmarès. Ça ne devrait pas être difficile de s’y mettre, le -23° de l’extérieur m’incite à rester dedans. Quoique, c’est beau une ville blanche dans le froid!

Bonne année à tous et on se retrouve plus souvent, ici, à la radio ou ailleurs!

Harry Hole de retour à Oslo

11/05/2013

Quand ça ne va pas côté lecture, que je me traîne d’un bouquin à l’autre comme une âme en peine, il y a toujours quelques noms en solution. Jo Nesbø est l’un d’entre eux. Ça marche à tous les coups, 550 pages, deux jours et une lectrice emballée.

FantômeÀ la fin du Léopard, on avait laissé un Harry Hole plus fragile encore, parti se réfugier une fois de plus à Hong Kong pour que ceux qu’il aime puissent vivre en paix. Dans Fantôme, il a pourtant sauté dans un avion dès qu’il a appris la nouvelle: Oleg, le fils de Rakel, celui qu’il considère presque comme son propre enfant, a été arrêté pour le meurtre d’un dealer. Selon les flics, il s’agirait simplement d’un règlement de compte entre deux drogués. Ils ont retrouvé Oleg proche du crime, shooté jusqu’aux yeux et de la poudre sur les mains.

Harry ne veut pas y croire, Oleg ne serait pas capable de ça. Il va donc partir en chasse et découvrir le nouvel Oslo de la dope. L’héroïne est en train de disparaître au profit d’une substance de synthèse appelée fioline, plus addictive et moins destructrice que d’autres drogues. À la tête de ce trafic, un homme surnommé Dubaï que personne n’a vu et qu’il ne fait pas bon affronter. Mais Harry s’en fout, il fera ce qu’il pourra pour sortir Oleg de prison.

Il n’est plus flic et doit compter sur la poignée d’amis qui lui reste, mais cela veut aussi signifier qu’il n’est tenu par aucun règlement. Harry va suivre les différentes pistes et découvrir que sa ville est gangrénée jusque dans le moindre bureau officiel. Son action le confrontera à des ennemis que la situation actuelle satisfaisait parfaitement.

Mais la chose qu’il sait faire, c’est être flic; son unique certitude, c’est qu’il lui faut essayer de rendre la justice: « Je suis resté ce que j’étais », dit-il, «policier. » Et c’est comme ça qu’on l’aime, Hole. Seul et contre tous, avec la vérité comme but ultime.

Et comme d’habitude, c’est parfaitement mené. Dans l’action quand c’est nécessaire, plus réfléchi par moments, assez précis pour nous embarquer immédiatement et pourtant assez vague pour nous perdre. Nesbø est excellent là-dedans; on pense avoir tout compris, avoir dénoué les fils, et BAM, surprise! Et la fin… la fin!!! Je ne dirai rien, lisez donc vous même.

Harry est toujours aussi amoché. Comme dans le précédent, même si le thème n’est pas le même, il va devoir se demander jusqu’où on peut aller pour ceux qu’on aime. Est-ce qu’on doit mettre sa vie en l’air pour ce en quoi on croit profondément? Je n’aurai pas envie de répondre à la question dans ces circonstances.

Il n’y a rien à dire de plus. C’est efficace, construit à la perfection, juste ce qu’il faut, là où il faut. Nesbø est un grand et il le prouve encore.

Jo Nesbø, Fantôme, Gallimard, 2013 (Gjenferd, 2011) traduit du norvégien par Paul Dott.

Faisons le bilan

17/12/2011

Jingle bells, jingle bells, mon beau sapin, falalalala lalalala

La neige n’est peut-être pas tout à fait au rendez-vous, mais c’est déjà la période des fêtes. Cela veut effectivement dire qu’on entend les mêmes refrains dans tous les commerces (allez j’admets, j’ai une petite faiblesse pour les albums de Noël de Sufjan Stevens), mais pas que. Eh oui, Tops 10, 20 ou 100, faites votre choix, les palmarès de l’année sont partout.

Il n’y avait pas de raison que je n’ajoute pas le mien, surtout après qu’un de mes collègues m’ait obligé à me creuser la tête pour l’afficher en librairie, autant donc l’annoncer ici aussi pour ne pas avoir tant réfléchi pour rien.

L’exercice devait comprendre cinq titres, mais comme certains d’entre nous ont eu du mal à se décider, on s’est permis un sixième. Et puis six, ça sonne bien, c’est un multiple de deux et pourquoi pas, d’abord.

Ce top 6 est bien sûr accompagné des précautions d’usage: ceci est mon choix (copiez pas), il y a sûrement eu d’autres excellents polars dans l’année, seulement je ne les ai pas lus et c’était parfois difficile de trancher, et si vous n’êtes pas d’accord, on en discute, mais cela n’y changera rien! Non, mais!

Après tout ce suspense, voilà dans le désordre:

Les Harmoniques de Marcus Malte chez Gallimard

Le Léopard de Jo Nesbo chez Gallimard

L’Honorable société de Dominique Manotti et DOA chez Gallimard

Désolations de David Vann chez Gallmeister. Comme avec James Ellroy l’année dernière, le fait d’avoir rencontré l’auteur a largement ajouté au plaisir du livre.

Mélanges de sang de Roger Smith chez Calmann-Lévy

Voodoo Land de Nick Stone chez Gallimard

Joyeux Noël à tous et offrez des livres, ça fait toujours plaisir et ça aide les libraires à un peu moins détester les chants de Noël (un libraire Scrooge n’est pas vendeur!). We wish you a merry christmas, lalalala…

Hong Kong/Norvège/Congo

20/03/2011

La grippe empêche souvent le cerveau de fonctionner de façon cohérente; heureusement, elle me laisse lire mais elle explique mon silence des deux dernières semaines. J’ai donc essayé la formule soupe-aspirine-polars pour m’en sortir. Échec total du côté grippe, elle s’est transformée en rhume mais côté polars, c’est plutôt agréable.
Jo Nesbø est pour moi un remède à toute épreuve, ça soigne de tout, ou du moins j’oublie le reste une fois plongée dans la vie de Harry Hole. Le Léopard a eu le même effet que les précédents.

Le roman commence avec une scène forte, le meurtre d’une femme, une mort violente. Puis il y en a une deuxième, retrouvée comme la première. Le patron de la Brigade Criminelle d’Oslo comprend très vite qu’il a affaire à un tueur en série et qu’ils n’arriveront pas seuls à attraper le meurtrier. Il va donc envoyer l’enquêtrice Kaja Solnes à la recherche du seul flic norvégien formé pour comprendre comment fonctionne le coupable, le seul et unique Harry Hole.
Celui-ci a fui à Hong Kong après l’affaire du Bonhomme de neige. Il est retombé dans l’alcool en y ajoutant un peu de drogue et se cache des triades à qui il doit de l’argent, pas la meilleure des vies. Et pourtant, il ne veut pas rentrer à Oslo, il a trop peur d’affronter son passé.
Kaja va trouver des arguments assez forts pour le persuader de mener l’enquête avec elle. Les victimes s’accumulent et Harry se retrouve coincé dans une guerre qui oppose les deux services de police de la Norvège: la Kripos contre la Brigade Criminelle. Il lui faut presque mener ses recherches dans l’ombre pour trouver ce coupable amateur de morts sadiques qui se joue d’eux et qui les mènera jusqu’au Congo.

Encore une fois, Jo Nesbø joue parfaitement sa partition. Il alterne moments d’enquête plus classique et rythme d’un quasi thriller pour nous mener jusqu’au bout de son récit. C’est, me semble-t-il, un de ses textes où la violence est le plus présente, autant décrite que laissée à notre imagination et cela fonctionne.
Harry Hole est encore plus complexe, humain jusqu’au bout, tiraillé entre ses faiblesses, sa peur, sa volonté d’être quelqu’un de bien et il se sait ainsi: « Je regrette comme pas permis. Mais ça doit juste être parce que j’ai une trop haute opinion de moi-même. Je me figure que j’aurais pu faire d’autres choix. » Son rapport avec son père malade pose la question ultime, jusqu’où peut-on aller par amour?

C’est à mon avis la force de certains grands romans policiers comme ceux de Nesbø. Ils nous racontent une enquête passionnante, plus proche des séries américaines que de notre réalité, et en même temps, ils nous parlent de l’âme humaine et de la société dans laquelle nous évoluons.
L’histoire est dans ce cas-là haletante, tortueuse et même exotique mais Nesbø la raccroche à une réalité forte. Comme les jeux de pouvoir entre différents services de police qui participent plus à ralentir l’enquête qu’à la résoudre, ou encore des fait plus intimes comme la confrontation à la mort d’un parent et à la peur de vieillir.
C’est un pavé qui se lit sans interruption et sans moment de relâche, largement de quoi avoir envie d’oublier sa grippe.

Jo Nesbø, Le Léopard, Gallimard, 2011 (Panserhjerte, 2009) traduit du norvégien par Alex Fouillet.

Ouverture de la chasse

18/06/2009

Allez, autant que je l’avoue parce que de toute façon, ça va se voir assez vite: j’ai tendance à perdre tout jugement quand Jo Nesbø est dans le coin (enfin pas vraiment lui, juste ses livres, mais lui me ferait sûrement le même effet). Je l’aime et voilà, tout est dit. J’ai donc dévoré Chasseurs de têtes en bonne fan que je suis. Mais bon, si j’écris des critiques, c’est justement chasseurs de têtespour l’être, critique. Donc, je me fais violence et j’y vais. Ce n’est clairement pas son meilleur roman. Et puis en plus, il est où Harry? Rends-le moi, je l’aime aussi. Ça manque à mon avis de la touche sociale qui est là d’habitude, des polars ancrés dans une réalité norvégienne, la critique d’une société. Mais bon, c’est quand même du très bon comparé à d’autres, y’a pas à discuter là-dessus.

Roger Brown est un chasseur de têtes et pas n’importe lequel, le meilleur dans son domaine. Il a aussi une femme magnifique à qui il a offert une galerie d’art pour occuper son temps. La réussite, quoi! Surtout pour un fils de chauffeur en mal de reconnaissance sociale. Sauf que les vernissages champagne-petits-fours et la maison-design, ça coûte cher. Pour renflouer les comptes, Roger visite discrètement les maisons de ses clients pour s’approprier leurs oeuvres d’art. Jusqu’à ce que bien sûr, le client soit trop parfait, son tableau bien trop beau et le chasseur n’est plus celui qu’on pense. Ça va vite et le suspense est là.  Roger doit se battre pour sa vie et il se découvre des forces qu’il ne se connaissait pas. Mais qui est Clas Greve et que veut-il vraiment de lui? Ça donnerait probablement un excellent film, rapide, simple et efficace. Et puis bien sûr la fin, ah oui, la fin. Jo Nesbø arrive toujours à m’avoir. Je sais bien qu’il va me surprendre, je m’y prépare, je suis prête et rien n’y fait, il me surprend encore. Et j’adore ça.

Et puis, oui, merci Série Noire pour la couverture, j’aime vraiment bien le nom de l’auteur sur l’étiquette de la chemise, très classe, comme Roger Brown.

Jo Nesbø, Chasseurs de têtes, Gallimard, Série Noire, 2009 (Hodejegerne, 2008) traduit du norvégien par Alex Fouillet.